Archétypes d’héroïnes et de héros de l’Antiquité à l’Europe : d’Antigone à Simone Veil, de César à Napoléon, et de quelques autres

Anne Gangloff, Université Rennes 2, UMR 6566 CReAAH-LAHM

S’il est encore trop tôt pour parler de héros et héroïnes européens, comme le soulignait Jean-Dominique Giuliani, Président de la Fondation Schuman, lors d’un colloque organisé par la Chaire Jean Monnet FABER à Rennes en janvier 2023[1], leur héroïsation est peut-être en construction et la question se pose de savoir si elle aboutira ou non. Alors qu’aujourd’hui beaucoup de médiévistes revendiquent leur période comme étant le fondement de l’Europe – sous la houlette de Charlemagne –, je voudrais souligner l’importance de l’héritage antique – parmi d’autres, et montrer à quel point certaines figures d’héroïnes et héros antiques ont marqué de leur empreinte le moule des héroïnes et des héros modernes.

La principale hypothèse soutenue est que, jusque dans l’imaginaire social contemporain, la figure d’Antigone a durablement forgé celle de l’héroïne en général. On peut la retrouver dans les images médiatisées de certaines femmes qui sont de bonnes candidates au rôle d’héroïnes européennes. Dans un second temps, je m’intéresserai aux héros : s’ils sont beaucoup plus nombreux que les héroïnes à toutes les périodes historiques, la question de leur fabrication est devenue plus compliquée car, au sens strict, ils sont en compétition depuis les Lumières avec la figure du grand homme ; par ailleurs, la seconde guerre mondiale a brisé le modèle de certains héros antiques qui entraient également dans la définition du grand homme, en premier lieu César et Auguste.

Au commencement était Antigone

Sébastien Norblin, Antigone donnant la sépulture à Polynice, 1825, Paris, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Wikimedia Commons.

Au commencement est un constat, celui de la forte présence d’Antigone, l’héroïne de la tragédie de Sophocle, dans la culture – sur la scène, à l’école, dans la philosophie et la poésie – et dans l’imaginaire social. Antigone est la fille d’Œdipe qui, dans la mythologie grecque, est caractérisée par sa constance et son attachement aux liens familiaux qu’elle fait prévaloir sur les liens de la cité. C’est déjà, dans Œdipe roi et Œdipe à Colonne, celle qui reste aux côtés de son père une fois que celui-ci a tout perdu et qu’il a pris conscience de sa malédiction : il a apporté la peste à la cité de Thèbes dont il était le sauveur et le roi, a tué son père et épousé sa mère qui s’est donné la mort après l’avoir compris. Œdipe se crève les yeux et part en exil accompagné de la seule Antigone. Elle remplit le même rôle dans la tragédie éponyme écrite par Sophocle : ses deux frères Étéocle et Polynice se sont entretués pour pouvoir régner chacun seul à Thèbes. Le nouveau roi Créon, leur oncle maternel, a ordonné de donner des funérailles à celui qui faisait figure de roi légitime, Étéocle, et de ne pas enterrer Polynice le traître, l’usurpateur. Mais Antigone, par amour pour son frère et par piété, désobéit au mépris du lourd châtiment qu’elle encourt : elle est condamnée à une mort atroce, être enterrée vivante.

Plusieurs interprétations sont possibles, d’autant plus que les lectures de la pièce ont varié dans le temps et se sont enrichies en fonction de l’évolution des contextes sociaux et politiques[2]. Il s’agit là d’un élément banal dans la vie des figures héroïques, mais ce qui est plus extraordinaire, c’est la persistance et l’omniprésence dans l’imaginaire européen de la figure d’Antigone, amplement démontrées et interrogées par George Steiner dans un très beau livre paru en 1984 et traduit en français deux ans plus tard sous le titre Les Antigones[3]. C’est la figure qui a inspiré le plus de philosophes, de poètes, de dramaturges ou de compositeurs d’opéra au XIX^e siècle en particulier, ainsi Hegel[4], Goethe, Hölderlin, Kirkegaard, au point que G. Steiner parle d’« universaux spécifiques » à propos de la syntaxe d’Antigone-et-Créon et du mythe qui les manifeste : ces universaux se rapportent aux conflits entre justice et droit, entre respect des morts et exigences des vivants, entre les rêves des jeunes et le « réalisme » des hommes mûrs[5].

Parmi les variations sémantiques qu’a connues le mythe à l’époque contemporaine, on peut noter le thème de la lutte contre le totalitarisme et celui du féminisme. Pour ne prendre que deux exemples, la tragédie Antigone a tí drubí (« Antigone et les autres ») de l’écrivain slovaque Peter Karvãs, parue à Bratislava en 1961, se déroule dans un camp de concentration. Antigone fait partie d’un groupe de prisonnières qui tentent d’organiser la résistance contre le « Kommandant Créon »[6]. C’est seulement à la fin des années 1960 que les interprétations d’Antigone se sont teintées de féminisme : en Allemagne, en 1967, le Living Theatre de New York a monté une Antigone dans laquelle l’héroïne incarnait une féminité humiliée et exclue, minorée par les hommes dont l’aveuglement et la barbarie ont conduit l’humanité au bord du suicide. L’idée était que les femmes doivent agir et opposer une révolte anarchique et sans mesure aux « conventions de la mort » telles que les incarnent les guerres, le capitalisme et les « principes de réalité » dominés par les hommes[7].

Il faut souligner l’importance en France de l’Antigone d’Anouilh, pièce qui se caractérise par son ambiguïté, et qui n’a pas quitté le programme du lycée depuis 40 ans. Après la guerre et le franquisme, le théâtre espagnol n’a cessé de faire revivre la figure d’Antigone en réponse au traumatisme de la division nationale[8].

Cette figure a marqué durablement, selon nous, l’image de l’héroïne au sens de modèle exemplaire. Même si certaines interprétations de la tragédie de Sophocle donnent le bon rôle au roi Créon, même si le modèle d’Antigone est débattu (notamment pour ce qui concerne la place des femmes dans la société et la dimension sacrificielle du personnage), elle représente globalement un modèle de courage, de dignité et de fidélité. C’est celle qui s’élève contre un ordre social et politique injuste au nom de valeurs plus hautes et pour protéger ceux qui sont déchus. C’est l’image de la « résistante » au sens large du terme.

Dans ce sens-là, on peut trouver plusieurs grandes figures féminines européennes qui apparaissent comme ses descendantes. Pourquoi pas Jeanne d’Arc, en premier lieu ? La Révolution française a aussi mis en avant des figures héroïques féminines qui se sont illustrées par des actes de résistance civile et que l’on peut rapprocher d’Antigone : ainsi l’Héroïne de Milhier menaçant de se faire exploser avec ses enfants plutôt que de se rendre aux ennemis du peuple, qui fut l’héroïne la plus représentée dans l’iconographie révolutionnaire[9]. La grande héroïne contre-révolutionnaire Charlotte Corday a aussi fait l’objet de comparaisons ponctuelles avec Antigone[10].

 

Les guerres et les totalitarismes du XX^e siècle ont fourni un terreau favorable à l’apparition de « nouvelles Antigones ». En Espagne, la figure légendaire de Dolores Ibárruri Gómez, dite « La Pasionaria » (1895-1989)[11], incarne la résistance contre le fascisme et l’extrême-droite, en particulier dans une scène fameuse : le 19 juillet 1936, au moment de l’offensive franquiste contre Madrid, elle prononce son célèbre slogan « No pasarán! » au balcon du ministère de l’Intérieur. Il s’agit d’une héroïne intéressante dans la mesure où sa dimension est vraiment européenne ; mais c’est une héroïne de gauche, qui reçut d’ailleurs la distinction de héros de l’Union soviétique en 1956, et qui n’est pas consensuelle.

 

En Allemagne, Sophie Scholl, résistante allemande au nazisme, exécutée le 22 février 1943, est entrée le 22 février 2003 au Walhalla, le mémorial des grands hommes et des grandes femmes allemands situé à Ratisbonne[12].

 

Arrêtons-nous un instant sur le Panthéon qui est, au même titre que le Walhalla, un instrument institutionnel de fabrique des héros et héroïnes nationaux. Au Panthéon, les femmes sont d’abord entrées comme épouse de, ainsi Sophie Berthelot, épouse du chimiste et homme politique Marcellin Berthelot, qui est la première femme à y avoir fait son entrée en 1907. C’est seulement à la fin du siècle, en 1995, qu’une femme, Marie Curie, est panthéonisée pour ses propres mérites (et accompagnée de son mari Pierre). Mais le Panthéon est surtout réservé à des résistantes au sens strict du terme : Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillon qui y sont entrées en 2015 et Joséphine Baker en 2021[13].

En 2018 a été panthéonisée l’une des grandes dames de l’Europe, Simone Veil, qui avait été élue présidente du Parlement européen en 1979. Le processus d’héroïsation qui la concerne est en cours d’élaboration en raison, entre autres, de sa stature européenne et de son rôle dans l’adoption de l’IVG (interruption volontaire de grossesse). L’année de sa panthéonisation, le magazine Elle (22 juin 2018) la qualifiait d’« héroïne totale », mais elle n’est pas reconnue comme une héroïne dans tous les pays d’Europe, en raison justement de son combat pour l’IVG[14].

Simone Veil peut être rapprochée d’Antigone et l’a été, explicitement, par Jean d’Ormesson lors du discours de réception que celui-ci a prononcé pour l’accueillir à l’Académie française 18 mars 2010[15] :

« L’agitation des esprits était à son comble. À l’époque, la télévision ne retransmettait pas les débats parlementaires. Au moment où s’ouvre, sous la présidence d’Edgar Faure, la discussion du projet à l’Assemblée nationale, une grève éclate à l’O.R.T.F. En dépit à la fois de la coutume et de la grève, des techniciens grévistes s’installent dans les tribunes et diffusent le débat en direct. Ce sont pour vous de grands moments d’émotion et d’épuisement. Beaucoup d’entre nous, aujourd’hui et ici, se souviennent encore de ce spectacle où la grandeur se mêlait à la sauvagerie. Je vous revois, Madame, faisant front contre l’adversité avec ce courage et cette résolution qui sont votre marque propre. Les attaques sont violentes. À certains moments, le découragement s’empare de vous. Mais vous vous reprenez toujours. Vous êtes une espèce d’Antigone qui aurait triomphé de Créon. Votre projet finit par être adopté à l’Assemblée nationale par une majorité plus large que prévu : deux cent quatre-vingt-quatre voix contre cent quatre-vingt-neuf. La totalité des voix de gauche et – c’était une chance pour le gouvernement – une courte majorité des voix de droite.

Restait l’obstacle tant redouté du Sénat, réputé plus conservateur, surtout sur ce genre de questions. Le gouvernement craignait l’obligation d’une seconde lecture à l’Assemblée nationale pour enregistrement définitif. La surprise fut l’adoption du texte par le Sénat avec une relative facilité. C’était une victoire historique. Elle inscrit à jamais votre nom au tableau d’honneur de la lutte, si ardente dans le monde contemporain, pour la dignité de la femme.

Le temps, pour vous, passe à toute allure. Pour moi aussi. Il faut aller vite. Après avoir été du côté de la liberté des hommes et de l’égalité des femmes, vous consacrez votre énergie, votre courage, votre volonté inébranlables à une cause nouvelle : la fraternité entre les peuples. Y compris la réconciliation, après l’horreur, avec l’Allemagne d’hier et de demain, celle de Bach, de Kant, de Goethe, de Hölderlin, de Schumann, d’Henri Heine, de Husserl, de Thomas Mann et celle de l’Union européenne ».

Nous avons surligné dans le texte les termes qui renvoient à la figure d’Antigone, mais aussi aux valeurs européennes telles qu’elles ont été définies dans le préambule de la Charte des droits fondamentaux adoptée en 2000 par l’Union Européenne : la dignité, la liberté, l’égalité, la solidarité, la citoyenneté et la justice. La comparaison avec Antigone – avec, naturellement, une différence essentielle, qui est que Simone Veil a « survécu » a son combat – a été rappelée dans un livre paru en 2023, Simone Veil, Femme universelle (Paris, Entremises), écrit par un professeur de philosophie, Didier Durmarque, qui a pour objectif de proposer un parcours exemplaire à la jeune génération[16].

Simone Veil n’est pas une résistante au sens strict du terme, mais il nous semble que le décalage qui existait à l’origine entre les déportés raciaux et les déportés résistants a eu tendance à s’estomper au fil du temps, les deux étant devenus des « résistants à l’horreur », des survivants. Ce rapprochement peut aussi s’expliquer par le poids de la figure des victimes et du thème du martyre dans les commémorations contemporaines. Or, cette dimension victimaire est déjà présente dans le personnage de l’Antigone de Sophocle, qui marche au martyre en toute connaissance de cause et accepte de se sacrifier pour des valeurs qui la dépassent.

De manière paradoxale, alors qu’au sortir d’Auschwitz-Birkenau Simone Veil s’avouait désorientée parce qu’elle-même et les autres déportés raciaux ne trouvaient pas leur place par rapport aux déportés résistants[17], c’est aujourd’hui sa déportation même qui apparaît comme un élément fondamental dans la construction de sa figure d’héroïne : on ne cesse de rappeler qu’elle fut la jeune fille forte qui survécut et se battit pour permettre à sa mère trop tendre et à sa sœur de survivre. L’attachement de Simone Veil à sa famille est d’ailleurs un autre point commun que l’on peut relever avec Antigone[18].

Le discours prononcé par E. Macron lors de sa Panthéonisation le 1^er juillet 2018 affirme ainsi que la force qu’elle mettait dans ses combats reposait sur le fait qu’elle avait survécu aux camps de concentration[19].

La bande dessinée de Pascal Bresson et Hervé Duphot, Simone Veil, L’immortelle, paru en 2018 (Paris, Hachette), laisse de côté l’œuvre européenne de S. Veil, mais se concentre sur son combat pour faire voter la loi Veil à l’Assemblée, entrecoupé de flash-back renvoyant à sa jeunesse et sa famille détruites par la déportation. La combativité, la détermination, la dignité et l’humanité de S. Veil, sa volonté de protéger les faibles, sont également enracinées dans son expérience de l’horreur nazie.

Autre indice de l’entrée de Simone Veil dans la culture populaire, le gros succès que fut le film Simone, le voyage du siècle, réalisé par Olivier Dahan et sorti en 2022 : il fit plus de deux millions d’entrées en France. Moins apprécié par la critique, ce film était doté de tous les ingrédients pour en faire un succès populaire : des actrices célèbres comme Elsa Zylberstein, Rebecca Marder, Élodie Bouchez, et une exploitation considérable du registre émotionnel. La déportation y joue un rôle majeur, qui renvoie au devoir de mémoire dans lequel Simone Veil s’était engagée à partir de 2007 à travers ses livres et des documentaires[20]. Le titre-même du film est révélateur de sa visée héroïsante : d’une part l’usage du prénom, Simone, suggère un personnage familier, si connu que son prénom suffit à l’identifier ; d’autre part l’expression « le voyage du siècle » annonce à la fois l’itinéraire exceptionnel de Simone Veil et son rôle de témoin des grands bouleversements du XX^e siècle.

On voit donc dans un certain nombre d’ouvrages, documentaires et films qui se sont multipliés depuis l’entrée au Panthéon de Simone Veil la volonté de l’« immortaliser » et de l’ « universaliser » pour en faire un modèle héroïque susceptible de perdurer dans le temps et de se diffuser dans l’espace. Naturellement, se mettre, se penser en parallèle avec de grandes figures mythiques contribue à ce processus d’universalisation. Mais ne pourrait-on pas inverser cette idée ? L’histoire personnelle de Simone Veil n’avait-elle pas une dimension universalisable parce qu’on pouvait la rapprocher assez facilement d’un grand mythe archétypal européen, celui d’Antigone ?

Le parallèle est aussi encouragé par le programme de français de la classe de troisième, en vigueur depuis 2016. L’un des thèmes est « Agir dans la cité : individu et pouvoir ». Doté d’« enjeux littéraires et de formation personnelle », il vise à étudier des textes du XX^e siècle reflétant les bouleversements historiques majeurs – en lien avec le programme d’histoire sur « L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales » -, et à s’interroger sur les notions d’engagement et de résistance[21]. Le manuel de Lelivrescolaire.fr met ainsi en parallèle, en les présentant dans deux chapitres successifs, l’œuvre de Simone Veil étudiée en lien avec le devoir de mémoire et la figure d’Antigone, « incarnation » de la résistance au pouvoir, de Sophocle à Anouilh[22].

On peut trouver sur le site genially, site de design interactif destiné aux entreprises, aux écoles et aux Universités, un exemple de séquence éducative sur l’importance des discours de combat au féminin[23], qui met en réseau Antigone et ses petites sœurs, à savoir Simone Veil, Greta Thunberg, Emma González[24], et Emma Watson[25].

Une autre figure exemplaire en construction est en effet celle de Greta Thunberg, qui représente aux yeux des plus jeunes le meilleur exemple d’héroïne dotée d’une dimension européenne. En mars 2020, elle a fait une intervention remarquée au Parlement européen pour discuter de la législation européenne sur le climat. On peut facilement la rapprocher d’Antigone, car elle est représentative des conflits universels entre la justice et le droit d’une part, entre les attentes de la jeunesse et le réalisme politique des experts plus âgés d’autre part.

Et les héros masculins ?

Nous passerons plus vite sur les héros masculins, qui posent paradoxalement des problèmes plus complexes. En effet, la définition du héros masculin, qui plonge ses racines dans la Grèce antique et renvoie à la possession d’un pouvoir exceptionnel qui se traduit, fondamentalement, par un exploit physique ou guerrier, a été remise en question par le mouvement européen des philosophes des Lumières au XVIII^e siècle. Au héros de guerre, certains (comme Voltaire) ont préféré la figure du grand homme au service du progrès et de la civilisation, que l’on peut qualifier aussi de « héros culturel ».

Ulysse et Hercule sont sans aucun doute les héros mythiques les plus présents dans la culture européenne, si l’on regarde les nombreuses réécritures et adaptations dont ils ont été l’objet, y compris dans la culture populaire contemporaine (films, dessins animés, bandes dessinées[26]). Leurs géographies mythiques leur confèrent également une incontestable dimension européenne. Néanmoins, ce ne sont pas eux qui ont inspiré les grands acteurs politiques de l’histoire européenne, même si Hercule fut érigé en modèle politique du début du XV^e siècle jusqu’au XVII^e siècle. Il a en effet servi de référent héroïque aux grands princes européens, depuis Philippe le Bon à la cour de Bourgogne jusqu’à Louis XIV, au début du règne de celui-ci, avant qu’il ne lui préfère le modèle d’Apollon, en passant – pour ne mentionner que les plus célèbres – par François I^er, Henri IV, ou bien Henri VIII, Charles Quint et les Habsbourg. Tous ont emprunté son image, dont ils ont exploité plusieurs aspects, de l’Hercule néo-stoïcien souffrant au « soldat du Christ » (miles christianus)[27].

Mais les héros masculins antiques qui ont traversé les siècles en Europe en étant l’objet d’un culte à l’origine, puis d’admiration, voire de fascination, et qui ont constitué les modèles les plus importants – même s’ils furent bien plus ambivalents et contestés que la figure d’Antigone – sont des héros historiques. Ce sont principalement Alexandre le Grand, César – tous deux ont fait partie des modèles médiévaux des Neuf Preux – et Auguste.

Tous trois sont dotés du double aspect militaire et « civilisateur ». César et Auguste relèvent à la fois du héros auquel on voue un culte après sa mort et du grand homme, car les Romains, à la différence des Grecs, ne possédaient à l’origine pas de héros, divinités intermédiaires entre les hommes et les dieux. Leur culture était en revanche structurée par des exempla, de courts récits mettant en scène des « grands hommes et femmes » dotés d’une valeur exemplaire, dont les actions relevaient du mos maiorum, un ensemble de coutumes et de récits qui constituaient le fondement de la romanitas (« l’identité » romaine) et des normes sociales romaines. Ils sont les premiers à avoir été divinisés après leur mort par les Romains, comme l’ont été à leur suite les « bons » empereurs romains. Alexandre le Grand fut divinisé à la fin de sa vie et servit de référence et de légitimation à ses successeurs, les diadoques, qui se disputèrent son corps, lequel fut transporté à Alexandrie.

César et Auguste sont devenus après leur mort des fondateurs, réels ou fictifs, de régimes politiques. Auguste légitima sa prise de pouvoir par la juste vengeance envers son père adoptif César et fut considéré par les Romains – et il est considéré actuellement par les historiens contemporains – comme le fondateur de l’Empire romain. Le nom de César fut inscrit dans la titulature impériale et apparut comme un titre de pouvoir : il donna en allemand Kaisar, et dans les langues slaves tsar. Au milieu du XIX^e siècle, il fut utilisé pour désigner un régime politique, le césarisme, caractérisé par le recours au suffrage universel sous la forme du plébiscite, l’incarnation du peuple dans le chef, et le rejet des corps intermédiaires[28].

Charlemagne, et à sa suite tous ceux qui prirent la tête d’un empire en Europe, se présentèrent comme les successeurs des empereurs romains. César, et à un moindre degré Alexandre le Grand et Auguste, furent les modèles antiques dont Napoléon s’inspira et avec lesquels il rivalisa. Napoléon, qui relève peut-être davantage du héros moderne que du grand homme, est tout aussi ambivalent que ses modèles antiques. Il joue un rôle important dans la culture européenne, à la fois parce qu’il est doté d’une réelle dimension européenne, mais aussi parce qu’il a suscité et suscite aussi bien l’admiration que le rejet : en cela, il a contribué à construire certaines unités nationales au sein de l’Europe, par opposition à son œuvre politique.

On peut suivre le fil directeur qu’ont constitué les héros/grands hommes antiques jusqu’à Mussolini et Hitler. Il existe un lien direct entre Mussolini, qui possédait une large culture, et l’Italie romaine. Il a prétendu marcher sur les traces de ses ancêtres, les empereurs romains, sous plusieurs aspects. Il a en effet cherché à reconstituer un Empire dont l’Italie était privée et dont il fit dresser les cartes sur la Via dei fori imperiali. Il se voyait comme un nouvel Auguste[29], et les analogies entre l’empereur romain et le Duce ont été abondamment soulignées par les contemporains désireux de le flatter : Octave/Auguste a mis fin à des guerres civiles incessantes, à la division dans la cité, en créant un nouveau régime qui est venu renforcer l’État et son autorité, tout comme Mussolini en 1922. Auguste avait fondé l’Empire que le Duce voulait recréer. Enfin, Auguste aurait ouvert la voie au christianisme (pour la simple raison que Jésus était né sous son règne), et le Duce a rendu l’Italie au catholicisme, par des accords signés avec le pape Pie XI, qui ont mis fin à la « question romaine », c’est-à-dire au petit schisme hérité du Risorgimento[30].

Le lien entre nazisme et Antiquité gréco-romaine est beaucoup plus tortueux, et Hitler n’a pas cherché à se rapprocher trop ostensiblement des héros grecs et romains, bien qu’il fût nourri de lectures sur l’histoire antique et qu’il eût une prédilection personnelle pour l’histoire romaine : César, Pyrrhus, Caton lui étaient familiers. Néanmoins, dans le cercle de ses proches, il ne cacha pas qu’il se voyait comme l’aboutissement d’une série de grands hommes nationaux et universels, parmi lesquels on retrouve Alexandre, César et Auguste. Albert Speer, architecte et ministre du III^e Reich, a noté dans le journal qu’il publia après sa libération (il fut condamné à vingt ans de prison après la guerre) que le Führer, pour son 54^e anniversaire, le 20 avril 1943, « se perdit en longues considérations sur le rôle de l’individu dans l’histoire. Tout était dû à la volonté d’un seul : Périclès, Alexandre, César, Auguste, puis le prince Eugène, Frédéric, Napoléon […]. Sa conception de l’histoire était toute de romantisme et orientée par la notion de héros »[31].

La construction de l’Union européenne, qui se fit contre l’horreur de la seconde guerre mondiale, rompit naturellement la chaîne des « grands hommes » qui s’était constituée depuis l’Antiquité jusqu’à la première moitié du XX^e siècle.

Pour conclure

Fabriquer des héroïnes, susceptibles d’être proposées en exemple des valeurs européennes de fraternité, de dignité, d’égalité, de liberté et justice, est donc, me semble-t-il, facilité par le grand mythe occidental d’Antigone, bien que la figure d’Antigone soit critiquée en raison notamment de sa dimension sacrificielle susceptible d’enfermer les femmes dans une « culture du sacrifice ». On est alors en droit de se demander : et si les futurs héros de l’Europe étaient des héroïnes, ce qui serait logique puisque l’Union européenne a accordé largement plus de place aux femmes en politique que les nations ?

En revanche, les moules antiques ne paraissent plus convenir aussi bien à la fabrique de héros européens masculins. Ces héros semblent plus difficiles à faire émerger, ils ne vont pas de soi et paraissent être à inventer. Mais on notera pour finir une figure intéressante, qui n’est pas celle d’un homme politique, celle de Thomas Pesquet, « héros » français travaillant pour l’Agence Spatiale Européenne (ESA), dont la notoriété a été exploitée dans les médias français dans une perspective d’intégration européenne[32]. Peut-être peut-on le voir comme un nouvel Ulysse ? Un héros culturel, comme Christophe Colomb, qui est moins propre à susciter les oppositions qu’à faire rêver.

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[1] Succès et échec de l’héroïsation de l’Antiquité à l’actualité européenne, colloque international, Université Rennes 2, 25-27 janvier 2023.

[2] George Steiner, Antigones, trad. fr. Ph. Blanchard, Paris, Gallimard, 1986, p. 200 sqq., schématise ainsi les grandes interprétations possibles du conflit entre Antigone et Créon : 1. Le conflit entre les usages et codes sentimentaux archaïques et familiaux et la nouvelle rationalité publique du siècle de Périclès (Créon serait une figure de sophiste) ; 2. Créon est le gardien des anciennes normes de la vie civique (interdiction d’enterrer les traîtres sur le sol de la patrie), alors qu’Antigone annonce des idéaux humanistes, une morale privée catégorique d’inspiration socratique, protochrétienne, voire kantienne. Quand elle invoque les lois non écrites, elle fait référence à une conscience à venir, à des impératifs individuels étrangers aux normes et à la cohésion de la polis ; 3. Créon et Antigone sont deux antithèses nécessaires à l’équilibre de la pièce, deux obsédés de la loi. Leur conflit oppose la cité à la maison, l’homme à la femme.

[3] George Steiner, Antigones, Oxford, Clarendon Press, 1984 ; trad. fr. Ph. Blanchard, Gallimard, 1986.

[4] Hegel affirme dans ses leçons sur l’esthétique (1820-1829) que l’Antigone de Sophocle est « l’une des œuvres d’art les plus sublimes et, à tous égards, les plus achevées, que l’esprit humain ait jamais produites ».

[5] George Steiner, Antigones, p. 153.

[6] George Steiner, Antigones, p. 216 : des « Antigones » ont circulé sous forme de samizdat (livres et publications édités clandestinement dans les pays du bloc communiste, essentiellement des années 1950 à la fin des années 1980) en Pologne, en Hongrie et en Roumanie.

[7] George Steiner, Antigones, p. 166.

[8] Fanny Blin, Les Antigones espagnoles : Réécrire le mythe après la Guerre civile. Nouvelle édition [en ligne], Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2020 (généré le 04 mars 2024). Disponible sur Internet : <https://books-openedition-org.janus.bis-sorbonne.fr/pup/53060>. ISBN : 979-10-365-7719-2. DOI : https://doi-org.janus.bis-sorbonne.fr/10.4000/books.pup.53060.

[9] Recueil des actions héroïques et civiques des Républicains français(t. 3 n° 28) : « 15 Brumaire, l’an premier. Les ennemis s’étoient rendus maîtres de Saint-Milhier. Une jeune femme, entourée de ses enfants, étoit assise tranquillement dans sa boutique, sur un baril de poudre ; elle tenoit deux pistolets à la main, disposée à faire sauter sa maison & toute sa famille plutôt que de tomber au pouvoir des brigands. Son courage et cette mâle contenance leur en imposèrent, & son asyle fut respecté. » Voir Claude Langlois, « Les dérives vendéennes de l’imaginaire révolutionnaire », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1988/3, p. 771-797 ; Dominique Godineau, « Quel héroïsme pour les femmes pendant la Révolution française ? », à paraître dans Évelyne Cohen, Anne Gangloff (dir.), Succès et échec de l’héroïsation de l’Antiquité à l’actualité européenne, Rennes, PUR, 2025.

[10] George Steiner, Antigones, p. 10-11.

[11] Yannick Ripa, « Le mythe de Dolorès Ibarruri », Clio [en ligne], 5 | 1997, consulté le 30 janvier 2024.

[12] Carole Bitoune, La révolte au féminin. Portraits de femmes exemplaires, Paris, Hugo et Cie, 2007.

[13] Il s’agit d’une particularité française. Le Walhalla a accueilli une très faible minorité de femmes, mais sur des profils plus variés : Amélie-Élisabeth de Hanau-Münzenberg, entrée en 1847 en qualité d’épouse de Guillaume V de Hesse-Cassel ; Marie-Thérèse d’Autriche, Impératrice du Saint-Empire romain germanique, entrée en 1847 ; Karolina Gerhardinger, religieuse allemande qui fonda la congrégation des « Pauvres sœurs des écoles de Notre-Dame », vouées à l’éducation des jeunes filles, et fut béatifiée en 1985, entrée en 1998 ; Sophie Scholl, résistante, entrée en 2003 ; Edith Stein, philosophe et religieuse, d’origine juive, déportée et assassinée à Auschwitz en 1942, canonisée en 1998 et faite « co-sainte patronne de l’Europe » par le pape Jean-Paul II le 1^er octobre 1999, en même temps que Brigitte de Suède et Catherine de Sienne, entrée en 2008 ; Käthe Kollwitz, artiste, entrée en 2019.

[14] À partir de l’été 2024 et pour (au moins) 15 ans, son visage apparaîtra sur les nouvelles pièces de dix centimes d’euros frappées par la Monnaie de Paris, sur la face « nationale », la face commune renvoyant à l’Europe. La monnaie européenne illustre en effet la devise européenne « Unie dans la diversité », que Simone Veil avait choisie de faire graver sur la lame de son épée d’académicienne (en contre-point de la devise française « Liberté, égalité, fraternité »).

[15] https://www.academie-francaise.fr/reponse-au-discours-de-reception-de-mme-simone-veil, consulté le 24 mars 2024.

[16] Quatrième de couverture : « Première femme secrétaire du Conseil supérieur de la magistrature en 1970. Première femme à siéger au conseil d’administration de l’ORTF en 1972. Première femme ministre d’État en 1974. Première femme présidente du premier Parlement européen, élue au suffrage universel en 1979. Membre du Conseil constitutionnel de 1998 à 2007. Sixième femme à être élue à l’Académie française en 2008 et à entrer sous la Coupole, en mars 2010, où elle occupe le fauteuil numéro 13, celui de Jean Racine et de Paul Claudel. Simone Veil finit au Panthéon, en compagnie de son mari, sur la décision de l’actuel président de la République, Emmanuel Macron, le 1er juillet 2018. Ce n’est pas seulement un parcours de vie réussie, exemplaire, c’est l’incandescence calme d’une Antigone qui aurait triomphé de Créon. Une femme universelle. Pourquoi et comment ? Ce livre, au format court, s’efforce d’y répondre. Facilement utilisable, d’un point de vue scolaire, du collège jusqu’à l’université, il témoigne aussi de l’impact de la figure de Simone Veil dans l’art contemporain, via les créations de quelques artistes plasticiens. Ce livre essaie également de penser en filigrane ce qu’est une vie réussie, à partir du modèle d’une femme universelle. ‘Les jeunes générations nous surprennent parfois en ce qu’elles différent de nous ; nous les avons nous-mêmes élevées de façon différente de celle dont nous l’avons été. Mais cette jeunesse est courageuse, capable d’enthousiasme et de sacrifices comme les autres. Sachons lui faire confiance pour conserver à la vie sa valeur suprême.’ Discours de Simone Veil, à l’Assemblée nationale, le 26 novembre 1974 ».

[17] Didier Chauvet, Simone Veil, un parcours dans la Shoah : une analyse, Paris, L’Harmattan, 2022.

[18] Dominique Missika, Les Inséparables, Simone Veil et ses sœurs, Paris, Le Livre de Poche, 2020.

[19] « La France l’aime plus encore parce qu’elle a compris d’où lui venait cette force mise au service d’une humanité plus digne. Ce n’est que tardivement, lorsque Simone Veil eut passé 50 ans, que la France découvrit que les racines de son engagement plongeaient dans la noirceur absolue, innommable des camps de la mort. C’est là qu’elle trouva en elle pour survivre cette part profonde, secrète, inaliénable qu’on appelle dignité. C’est là que malgré les malheurs et les deuils, elle conçut la certitude qu’à la fin, l’humanité l’emporte sur la barbarie ». Ce discours est caractérisé par la volonté d’ériger Simone Veil en modèle (« pour que ses combats, sa dignité, son espérance restent une boussole dans les temps troublés que nous traversons »). Il la présente comme une figure de combattante au nom d’un idéal républicain défini par les combats pour la justice, pour la paix et l’Europe, pour la civilisation.

[20] Simone Veil, Une vie, Paris, Stock, 2007 (réimpr. 2009 ; les quatre premiers chapitres ont été édités sous le titre Une jeunesse au temps de la Shoah : extraits d’Une vie, Paris, Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche », 2010 ; Simone Veil (préf. Robert Badinter), Mes combats : Les discours d’une vie, Paris, Bayard éditions, 2016 ; Simone Veil et David Teboul, L’Aube à Birkenau, Paris, Les Arènes, 2019 ; Simone Veil, Seul l’espoir apaise la douleur : Récit, Flammarion-INA, 2022.

[21] Voir le BO spécial n°11 du 26 novembre 2015. https://www.education.gouv.fr/bo/15/Special11/MENE1526483Aannexe3.htm

[22] https://www.lelivrescolaire.fr/page/31943855, consulté le 23 mars 2024.

[23] Créé par Élise Blaque : https://view.genial.ly/658ee0450b03db0014f8c3d0/interactive-content-antigone, consulté le 23 mars 2024.

[24] Survivante de la fusillade de Parkland au lycée Marjory Stoneman Douglas en Floride en février 2018, elle milite pour le contrôle des armes à feu aux États Unis. 

[25] Ambassadrice de bonne volonté d’ONU Femmes.

[26] Voir sur ce site l’article de Corentin Ruault.

[27] Erwin Panofsky, Hercule à la croisée des chemins et autres matériaux figuratifs de l’Antiquité dans l’art le plus récent, Paris, Flammarion, [1930] 1999 ; Naïma Ghermani, Le prince et son portrait : Incarner le pouvoir dans l’Allemagne du XVIe siècle, part. chap. 1, 5 et 7. Nouvelle édition [en ligne], Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2009 (généré le 21 mars 2024). Disponible sur Internet : <https://books-openedition-org.janus.bis-sorbonne.fr/pur/100100>. ISBN : 978-2-7535-6678-1. DOI : https://doi-org.janus.bis-sorbonne.fr/10.4000/books.pur.100100 ; Martin Wrede, « Monarchie héroïque ? Héritage chevaleresque et vocation militaire de la fonction royale en Europe, XVIe-XIXe siècles », Histoire, économie & société 2015/1 (34e année), p. 86 à 103 ; Laura Endress, Trajectoires textuelles de l’Hercule médiéval. Mythographie, historiographie et au-delà, Paris, Classiques Garnier, 2024. Voir aussi la thèse de François Bouquet, « L’Avènement du chevalier à la massue. Écriture, incarnations et appropriation de l’Hercule bourguignon de Philippe le Hardi à Philippe le Beau (1363-1506) » : francoisbouquet (2020, 9 juin). Hercule à la cour des ducs de Bourgogne : fortune et représentations du chevalier à la massue. Chroniques chartistes. Consulté le 23 mars 2024, à l’adresse https://doi.org/10.58079/mpij. — Il est à noter, en contre-point, que le modèle d’Hercule a été repris par des admirateurs de Poutine en 2014, afin de célébrer son 62^e anniversaire par une exposition de tableaux sur lesquels il apparaissait en nouvel Hercule réalisant douze exploits contemporains (combattant les chevaux de la corruption, les États-Unis assimilés à Cerbère, l’hydre de Lerne des sanctions internationales avec ses têtes nommées Japon, Europe, Canada, celle des États-Unis ayant déjà été tranchée, etc.) : https://www.bbc.com/news/world-europe-29513589?ocid=socialflow_twitter ; https://www.lemonde.fr/europe/article/2014/10/08/les-douze-travaux-de-poutine_4502390_3214.html.

[28] Olof B. Rader, « Alexandre et César : le pouvoir par les armes », dans Thomas Serrier et Etienne François (dir.), Europa. Notre histoire, Paris, Les Arènes, 2017, p. 503-507 ; A. Forrest, « Les légendes de Napoléon », ibid., p. 507-518 ; Christophe Badel, « César, du héros romain au héros européen ? », à paraître dans Évelyne Cohen, Anne Gangloff (dir.), Succès et échec de l’héroïsation de l’Antiquité à l’actualité européenne, Rennes, PUR, 2025. Le césarisme a désigné le bonapartisme et l’empire de Napoléon III, qui était lui-même un grand admirateur de César dont il écrivit une biographie.

[29] Philippe Foro, « Auguste et Mussolini, essai d’histoire parallèle », dans id., (éd.), L’Italie et l’Antiquité du Siècle des lumières à la chute du fascisme, Toulouse, Presses universitaires du midi, 2017, p. 55-63.

[30] Le Risorgimento, lié à l’unification de l’Italie dans la seconde moitié du XIX^e siècle, conduisit à l’annexion d’un certain nombre de territoires qui appartenaient à l’Église.

[31] Spandauer Tagebücher, p. 100, 20 avril 47, rapportant la conversation du 20 avril 43 ; trad. J. Chapoutot, Le nazisme et l’Antiquité, Paris, Presses universitaires de France, 2012.

[32] Voir l’épisode 2 des « Aventuriers de l’espace » diffusé sur France Culture le 13/04/21.

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